Marina TSVETAÏEVA – La poète fatale (France Culture, 2009)
Voici la publication du vendredi, jour dédié aux inspirations de la Poésie française :
L’émission « Radio libre », par Agnès Desarthe et Geneviève Brisac, diffusée le 25 avril 2009 sur France Culture. Présences : Véronique Lossky et Tzvetan Todorov.
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Notice :
Marina Tsvetaïeva, née en 1892 dans une famille cultivée et poète prodige, ne fut jamais ni rouge ni blanche. Une Antigone dévastée par son époque, plutôt. Exilée radicale mais apolitique, amie de Rilke et mère de famille, proustienne raffinée vivant dans la misère, éprise aussi bien des vers d’Edmond Rostand que de Maïakowski, elle est l’inclassable. Dans ses poèmes, ses lettres, adressées à Boris Pasternak, à Beria soi-même, à Rilke ou Mandelstam, dans ses carnets qui parlent de passion amoureuse, de Pouchkine, de poussette cassée, de lutte contre l’esthétisme, d’exil, de légumes à éplucher, du désir, de l’art de la traduction, de la naissance de son fils Mour, de vaisselle à faire, elle se fait et se dit sténographe de la vie. Une vie dont elle se sait en même temps absente, et à quoi elle avoue souvent être inapte. “Est-ce bien le moi-des-boulettes-de-viande qui a écrit ce qu’a déclamé le moi-sur-scène?“ À Pasternak, elle écrit en 1925 : “J’ai fait de mon âme ma maison. Je trompe l’existence avec mon âme. C’est, vous le comprenez, une autre partition que mari et amant.“ À la naissance de son fils, elle note : “J’offre à mon fils la devise : ‘Ne daigne’. Elle m’est venue à l’esprit quelques jours avant sa naissance. Ne daigne : je ne daigne m’abaisser ni à la peur, ni au lucre, ni à la douleur personnelle, ni aux considérations existentielles, ni aux économies. Cette devise m’aidera à l’heure de la mort.“ Marina Tsvetaïeva n’a vécu que cinquante ans. Elle s’est pendue en 1941. La révolution, les complots, la faim, le froid, la mort de sa petite fille, les égarements de son mari, les trahisons, les déceptions amoureuses, la déportation au goulag de sa fille ainée, les humiliations, elle avait tout vécu, sans moufter ou presque. Sans jamais se préserver, bien au contraire. À trente-cinq ans, elle pensait en avoir six cents. Et elle savait son œuvre immortelle : “Mes poèmes comme des vins précieux sauront attendre que leur temps vienne ! Est-il enfin venu ?“
[RAPPEL des jours de publication :
- Lundi : modèles antiques (poètes de la Bible, de la Grèce ou de la Rome antique) ;
- Mardi : poésie médiévale ;
- Mercredi : poètes de la Renaissance ;
- Jeudi : poètes du Grand Siècle et du XVIIIème ;
- Vendredi : domaine international ;
- Samedi : poètes de la Modernité ;
- Dimanche : poètes du XXème siècle, poésie vivante et poésie-pensée.]
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