LE 19 DCEMBRE 1985 LA PRISE DOTAGE DU TRIBUNAL DE NANTES ET DE LA JUSTICE

LE 19 DÉCEMBRE 1985 : LA PRISE D’OTAGE DU TRIBUNAL DE NANTES ET DE LA JUSTICE – Histoire : quand le bandit et anarchiste Georges Courtois et ses complices jugent la justice – C’était les 19 et 20 décembre 1985, il y a 37 ans. Le tribunal de Nantes est l’épicentre de l’actualité nationale et internationale. Deux détenus qui comparaissent pour des braquages, Georges Courtois et Patrick Thiolet, aidés par un complice, Abdelkarim Khalki. Ils prennent en otage pendant 36 heures la Cour d’Assises du Tribunal de Nantes, situé Place Aristide Briand. Georges Courtois est un enfant du Nantes populaire. Il a grandi dans la misère des quartiers déshérités du centre ville, aujourd’hui détruits. Réfractaire, débrouillard, gouailleur, il est emprisonné dès l’adolescence pour quelques vols, puis pour des braquages. Après avoir passé trop d’années derrière les barreaux, il décide de «serrer» les magistrats lors d’un de ses procès. Ce jour de décembre, les trois malfaiteurs retiennent les magistrats nantais et quelques étudiantes en droit venues assister à l’audience dans le Palais de Justice. Ils font venir les caméras, les journalistes. Le show va durer près de deux jours, scruté par le monde entier. À intervalle régulier, Courtois sort du tribunal, cigarette à la bouche et flingues en mains, menotté au président du tribunal. Presque par politesse, pour le show, il tire quelques balles en direction de la police et des journalistes. Les images marquent l’histoire nantaise. L’objectif ? «Faire le procès de la prison et de la justice». L’équipe fait venir des caméras de télé dans le tribunal, donne des des interviews, se moque des flics et des magistrats pendant la prise d’otage. Le président de la cour d’assises finit par reconnaître sous la menace, une fois sa robe noire enlevée, qu’il est effectivement «inhumain» de priver un détenu de voir sa famille. Le sort qu’avait subi Courtois pendant des années. Le RAID, unité d’élite qui vient alors d’être créée, connaît sa toute première intervention au tribunal de Nantes. Finalement, l’évasion prévue en avion depuis l’aéroport est un échec. Les trois complices sont arrêtés. Abdelkarim Khalki a été trahi par les autorités, qui lui avaient promis qu’il rentrerait au Maroc s’ils se rendaient. Ils prendront 20 ans de réclusion et paieront très cher leur coup d’éclat : avoir réussi à renverser pour quelques heures le rapport de force face à la justice. Les images du Monsieur qui a braqué un procureur et un président de cours d’Assises avec un 357 Magnum font toujours partie de l’imaginaire nantais. Georges Courtois était, après sa sortie de prison, devenu journaliste et écrivain. Un de ses vieux rêves. Il était aussi une personnalité respectée dans la ville. Et un symbole de cet ancien Nantes, populaire et ingérable, aujourd’hui remplacé par les cadres parisiens et les start-up. Il avait déménagé dans le Finistère, où il a trouvé la mort à 71 ans en 2019. Son geste reste gravé dans la mémoire nantaise, 36 ans plus tard. Durant les Gilets Jaunes, une banderole représentant le braqueur était même déployée en fin de manifestation devant l’ancien tribunal, aujourd’hui transformé en hôtel de luxe. Et le procès populaire de la justice n’a pas encore pu avoir lieu.
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