Un comptable venu travailler dans l’Ouest se retrouve escorté par un Indien dans un voyage aux frontières de la mort... Réalisé par Jim Jarmusch en 1995, un “post-western“ envoûtant, porté par la présence de Johnny Depp et la musique de Neil Young.
Dans les dernières décennies du XIXe siècle, William Blake, jeune comptable originaire de Cleveland, se rend dans l’Ouest pour prendre un nouveau poste, qu’il trouve occupé à son arrivée. Déconfit, il se rend au saloon local et se retrouve impliqué dans une fusillade où périt le fils du puissant John Dickinson, le notable local qui devait l’embaucher. Mortellement blessé, William Blake prend la fuite et croise l’Indien Nobody, qui le prend pour son homonyme, le célèbre poète britannique, et tente de le soigner. Tous deux s’enfoncent ensemble dans la forêt, poursuivis par des chasseurs de primes que Dickinson a engagés pour écourter le dernier voyage de Blake.
Visage pâle
Avec Dead Man, dans une parfaite continuité avec ses films précédents, Jim Jarmusch suit, en noir et blanc, l’errance d’un homme devenu étranger au monde qui l’entoure. Mais comme à l’accoutumée, son approche s’enrichit d’un regard hissé un peu plus haut, convoquant le prisme des grands genres du cinéma : ici le western - bientôt le film de gangsters (Ghost Dog), le film de vampires (Only Lovers Left Alive) ou de morts-vivants (The Dead Don’t Die). D’ailleurs, le mythe Robert Mitchum est là, témoignant, avec sa voix caverneuse, de la légende passée. La guitare de Neil Young, la lenteur, les travellings sur les paysages, les références littéraires, les dialogues flegmatiques si typiques du réalisateur de Down by Law emmènent pourtant ce vrai-faux western hors des sentiers battus : en terre étrangère, comme l’est ce jeune et naïf comptable perdu dans l’Ouest sauvage, embarqué malgré lui dans un voyage ésotérique aux côtés d’un improbable Indien féru de poésie. Dans ces pérégrinations émaillées d’apparitions pittoresques (John Hurt, Steve Buscemi ou Iggy Pop), Johnny Depp en visage pâle qui dérive lentement vers la mort trouve l’un de ses plus beaux rôles.
Film de Jim Jarmusch (États-Unis, 1995, 1h56mn)
Disponible jusqu’au 30/11/2023
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