Dmitri Dmitriyevich Shostakovich / Дмитрий Дмитриевич Шостакович (1906-1975)
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Symphony n°8 In C Minor, Op. 65
1. Adagio (00:00)
2. Allegretto (24:33)
3. Allegro Non Troppo (30:41)
4. Largo (36:57)
5. Allegretto (46:35)
Leningrad Philharmonic Orchestra
Yevgeny Mravinsky
Live recording in 1982, at Leningrad / Century’s recording
New mastering in 2018 by AB for CMRR
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Durant l’été de 1941, Hitler ordonna à ses troupes d’envahir l’Union Soviétique. En quelques mois, les forces nazies arrivèrent aux portes de Léningrad. En 1943, Chostakovitch fut évacué de Kouibychev où la Huitième Symphonie vit le jour. A l’époque, la bataille de Stalingrad faisait rage et, momentanément, l’œuvre porta comme soustitre le nom de cette ville. Elle avait pourtant une signification plus vaste.
Dans l’ouvrage « Témoignages », Chostakovitch a déclaré à Solomon Volkov: « La guerre infligeait beaucoup de nouvelles douleurs., beaucoup de nouvelles destructions. Pourtant, je n’avais pas oublié les terribles années de l’avant-guerre. Voilà ce qu’évoquent toutes mes symphonies, à compter de la Quatrième, la Septième et la Huitième y comprises. » Déclaration qui a l’accent de la vérité. Mieux qu’aucune de ses compagnes — à l’exception, peut-être, de la Dixième, la Huitième Symphonie réussit, sans aucun doute, à ‘universaliser’ l’amère souffrance de ce temps.
Des cinq mouvements de la Huitième Symphonie, les trois derniers se jouent sans interruption. Une telle architecture paraît avoir beaucoup séduit Chostakovitch. En effet, ce dernier l’a adoptée pour la Neuvième Symphonie, pour le Quintette avec piano, pour les Troisième et Huitième Quatuors. Comme la Sixième et la Dixième, cette Huitième Symphonie s’ouvre sur un Adagio. En ut mineur et de souffle large, celui-ci associe les fonctions introspective d’un mouvement lent à l’organisation de la forme-sonate.
Il débute par deux idées aux cordes: un véhément rythme pointé aux cordes graves cédant graduellement la place à un thème serein joué par les violons, non sans ressemblance avec celui de la Cinquième Symphonie, mais plus sombre, plus torturé. Ce thème principal subit les brutalités d’une violente section médiane. Cet Adagio représente l’une des conceptions les plus profondes et les plus spacieuses de Chostakovitch. L’équilibre est rétabli par deux mouvements rapides : d’abord un Allegretto en ré bémol majeur révélant quelque chose du penchant de son auteur pour le grotesque et rappelant, semble-t-il, la pompe ridicule des défilés nazis telle que nous l’ont montrée les archives cinématographiques des années de guerre; puis un Allegro en mi mineur dominé par un implacable rythme de toccata. Ostinato qui n’est interrompu que par un brillant épisode de trompette (en fa dièse) avant que nous ne revenions à la toccata et à l’extraordinaire sommet d’intensité menant à la Passacaille qui, Largo, constitue le mouvement suivant.
Sur Chostakovitch, cette dernière forme devait exercer une véritable fascination dans les années 1940. On la trouve également, en effet, dans le Trio op. 67 pour piano, violon et violoncelle datant de la même époque et dans le Concerto n o I en la mineur pour violon et orchestre écrit un peu plus tard. Ce mouvement en ut mineur de la Huitième est l’une des expressions les plus poignantes du compositeur. Sur son thème qui revient une douzaine de fois, divers solistes méditent, explorant du même coup — et cela jusqu’à la lie — les chagrins et les désespoirs de ces années de guerre. Le finale en ut majeur auquel le Largo mène directement est un mouvement de sonate aboutissant à ce qu’on peut considérer comme une sorte de paix. Même si celle-ci traduit, comme on peut le penser, l’épuisement et la résignation plutôt que la véritable tranquillité de l’esprit.
Shostakovich by Mravinsky - Symphonies No.5,6,7,8,10,11,12,15 / Song of the Forest (recordings of the Century)
Dmitri Shostakovich PLAYLIST (reference recordings)