Planète conférences - Le graffiti espagnol contemporain : entre culture populaire et culture savante

Le graffiti espagnol contemporain : entre culture populaire et culture savante. Conférence de Anne Puech, enseignante chercheuse en arts visuels (graffiti, muralisme) et histoire de l’Espagne contemporaine à l’Université de Rennes 2 et membre de l’ERIMIT (Équipe de recherche interlangues : Mémoires, Identités, Territoires). Depuis son apparition sur les murs de l’espace public espagnol dans les années 1980, le graffiti-signature a évolué en absorbant un certain nombre de courants esthétiques, académiques ou non. L’étude de cette pratique d’occupation graphique illégale des murs révèle ainsi une forme d’hybridation : la recherche constante d’une écriture singulière et audacieuse a donné naissance à des objets qui se caractérisent aujourd’hui par une esthétique de l’empilement, au croisement de la peinture en lettres et de l’abstraction. Cette conférence propose donc de présenter la généalogie du graffiti espagnol, une pratique où convergent trois niveaux de la sphère culturelle : la culture populaire, la culture de masse et la culture savante. Sa genèse le place, de fait, dans le champ de la culture populaire. Le graffiti est né des mains d’une jeunesse issue de quartiers centraux et périphériques qui n’avait, pour la plupart, pas bénéficié d’une formation académique préalable. Ces scripteurs ont commencé à répandre leur pseudonyme influencés par la diffusion de films et d’émissions de télévision sur le sujet. Le graffiti est donc naturellement lié à la culture de masse. On la retrouve aussi dans la modalité de diffusion de ces interventions destinées au plus grand nombre, sans distinction de classe sociale, à savoir les réseaux sociaux. Enfin, certaines pièces de graffiti contemporain tendent à la déconstruction esthétique, la même qui s’est opérée au XXe siècle dans le champ artistique. Ces pièces mobilisent ainsi un degré de culture savante, car elles sont le résultat d’un syncrétisme érudit. Ce travail sera l’occasion de revenir sur les passerelles qui existent entre le graffiti contemporain et la peinture espagnole académique.