“RISQUE DE GÉNOCIDE“ : EN IMMERSION AVEC LA POPULATION DE GAZA

Soutenez Blast, nouveau média indépendant : Grâce au travail exceptionnel et au courage de notre journaliste correspondant à Gaza, Blast continue de documenter la situation catastrophique qui y perdure. À ses images et aux paroles recueillies d’ gazaouis, s’ajoutent dans ce reportage les mots d’une grande intensité du musicien Bachar Mar-Khalifé qui - après plus de cent jours de guerre - interroge : “Médecins, journalistes, commerçants, instituteurs, élèves, que racontent leurs sourires ? Et quelle dose de courage faut-il pour sourire encore ? Quelle dose faut-il encore à Mohamed El Saife pour filmer et envoyer ces images, pour que nous, étrangers, puissions être témoins, pour que nous puissions témoigner. Quelle dose de talent faut-il pour pouvoir documenter l’horreur de la guerre ? Comment une partie du monde peut-elle encore choisir d’ignorer la cruauté, les enfants affamés sans accès à l’eau potable, sans qu’on puisse exiger un cessez-le-feu pour arrêter de tuer et déplacer la population.“ Voir les précédents reportages avec Mohamed El Saife : Journalistes : Mohamed El Saife, Lisa Legeay Traduction : Nada Abou El Amaim Images : Mohamed El Saife Montage : Camille Chalot Son : Baptiste Veilhan Graphisme : Morgane Sabouret Production : Hugo Bot Delpérié Directeur des programmes : Mathias Enthoven Rédaction en chef : Soumaya Benaïssa Directeur de la rédaction : Denis Robert “Je ne suis pas journaliste. J’ai peur des images qu’on me demande de commenter. Que voyez-vous ? Je les vois au ralenti. Je revois Koyaanisqatsi, ce film qui, à l’adolescence, m’avait définitivement convaincu que nous serions nous, les êtres humains, témoins de notre propre fin. Le sommes-nous maintenant ? Ces visages je les connais, les camps, les tentes, les corps sans souffle enveloppés d’impuissance. La colère je la connais, mes parents l’ont connu avant moi et mes grands-parents aussi. La mer est la même, les filets troués, les barques, les techniques de pêche sont les mêmes. Mon arrière-grand-père partait en mer pour ramener des oursins et du poulpe pour le dimanche. C’était au nord de Beyrouth. À Gaza aujourd’hui, le courage est-il le même qu’ailleurs pour aller pêcher ? Petit, je n’avais pas peur de la guerre. Qu’ont pu me dire mes parents et les adultes en général pour m’éviter la peur ? Qu’ont-ils pu me raconter pour préserver mon sourire et mon sommeil ? Médecins, journalistes, commerçants, instituteurs, élèves, que racontent leurs sourires ? Et quelle dose de courage faut-il pour sourire encore ? Quelle dose faut-il encore à Mohamed El Saife pour filmer et envoyer ces images, pour que nous, étrangers, puissions être témoins, pour que nous puissions témoigner. Quelle dose de talent faut-il pour pouvoir documenter l’horreur de la guerre ? Comment une partie du monde peut-elle encore choisir d’ignorer la cruauté, les enfants affamés sans accès à l’eau potable, sans qu’on puisse exiger un cessez-le-feu pour arrêter de tuer et déplacer la population. Peut-être que ce monde-là, complice du crime, préférerait que les Palestiniens meurent en silence. Danser, chanter, dessiner, y a-t-il une place pour l’art dans la guerre ? Et quelle place pour la poésie dans une société qui étouffe ? Je suis musicien, mais le suis-je encore devant un cœur sourd ? Les visages que Mohamed montre nous obligent. Regardez-les, écoutez-les. Ne sont-ils pas vivants ? Ces corps qui courent après une urgence de vie continuelle croisent la caméra et nous regardent aussi. Ils nous regardent à travers nos écrans. Ils nous regardent. Koyaanisqatsi veut dire en langue Hopi “la vie en déséquilibre“. Qu’a vécu ce peuple amérindien pour inventer un mot pareil ? De quoi a-t-il été témoin ? “Le langage n’est plus capable de décrire le monde dans lequel nous vivons“, disait le réalisateur Godfrey Reggio. Puissions-nous trouver une langue assez puissante dans la capacité à décrire : Gaza.“ Le site : Facebook : Twitter : Instagram : Mastodon : @blast_info Peertube : Twitch : #Gaza #Palestine #Reportage
Back to Top